Pollutions aquatiques et COP26 : une urgence noyée dans le climat

Il y a eu les discours. Les promesses. Les conférences au ton grave, les chiffres chocs, les applaudissements polis. La COP26, grand-messe climatique de 2021, s’est tenue à Glasgow avec des objectifs clairs : limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, accélérer la sortie des énergies fossiles, renforcer la solidarité Nord-Sud. Mais au fond, une question persiste : où était l’eau dans tout cela ? Et surtout, les pollutions aquatiques ?

Quand les océans absorbent… et se taisent

On l’oublie trop souvent : les mers et les océans sont de véritables poumons bleus. Ils absorbent environ 25 % du CO2 émis chaque année par les activités humaines. Pourtant, ils souffrent en silence. Microplastiques, métaux lourds, hydrocarbures, eaux usées non traitées… le cocktail est connu, mais trop souvent ignoré.

Lors de la COP26, peu de place a été laissée à cette problématique. Pas de chapitre dédié. Pas de véritable plan d’action global. Juste des mentions, ici et là, dans les marges de l’agenda. Comme si la pollution des eaux était une conséquence annexe, et non un problème majeur à traiter.

Le plastique, symbole d’un échec collectif

Des plages entières jonchées de déchets. Des tortues qui confondent un sac plastique avec une méduse. Des particules invisibles retrouvées dans le sang humain. Ce n’est pas un scénario de film post-apocalyptique. C’est le quotidien de nombreux littoraux et zones marines.

Selon plusieurs ONG, plus de 11 millions de tonnes de plastique finissent chaque année dans les océans. Et ce chiffre pourrait tripler d’ici 2040 si rien ne change. À la COP26, certains acteurs ont bien tenté de faire entendre leur voix. Mais entre les grands enjeux énergétiques et les négociations politiques, le message s’est noyé.

Un lien trop souvent sous-estimé

Climat et eau ne sont pas des sujets séparés. Ils sont intimement liés. Une eau polluée perturbe les écosystèmes, diminue la résilience des milieux naturels, accélère la perte de biodiversité… et donc affaiblit notre capacité à faire face au dérèglement climatique.

Prenons un exemple concret : les zones humides. Elles filtrent naturellement les polluants, absorbent le carbone, atténuent les inondations. Mais lorsqu’elles sont polluées, leur efficacité chute. Et leur disparition compromet tout l’équilibre autour.

Pourquoi, alors, ce silence ? Peut-être parce que les solutions sont moins “visibles”. Moins photogéniques qu’un panneau solaire ou une éolienne en mer.

Des initiatives locales… mais peu de coordination

Il serait injuste de dire que rien ne bouge. Partout dans le monde, des projets fleurissent. Des villes installent des systèmes de captation des déchets à l’embouchure des rivières. Des associations nettoient les plages. Des chercheurs conçoivent des matériaux biodégradables, des techniques de dépollution biologique, des capteurs pour mesurer la qualité de l’eau.

Mais le problème, c’est l’échelle. Ces actions restent isolées, ponctuelles, trop souvent dépendantes de financements instables. Il manque un cadre global, une vision partagée. Et la COP26, malgré ses ambitions, n’a pas su l’apporter.

Pollutions aquatiques et COP26 : une urgence noyée dans le climat

Ce que nous dit ce silence politique

On peut y voir une occasion manquée. Mais aussi un révélateur. Ce que la COP26 n’a pas dit sur les pollutions aquatiques en dit long sur notre rapport à l’eau : on la pense éternelle, malléable, inépuisable. Or elle est fragile, exigeante, et aujourd’hui, gravement menacée.

Et puis, soyons honnêtes. Parler d’eau, c’est parler de gouvernance, de justice sociale, de gestion des déchets, de modèles agricoles, de commerce international. Autant de sujets sensibles. Autant de leviers puissants… mais difficiles à activer dans un cadre onusien.

L’après COP26 : des pistes à explorer

Tout n’est pas perdu. Le Pacte de Glasgow, adopté à l’issue de la COP26, ouvre des brèches. Il parle de nature-based solutions, de résilience, de coopération. Ce sont des portes entrouvertes. Reste à les pousser franchement.

Par exemple, pourquoi ne pas intégrer les objectifs de qualité de l’eau dans les bilans carbone ? Pourquoi ne pas soutenir à grande échelle les innovations liées à la dépollution des milieux aquatiques ? Pourquoi ne pas former davantage les élus locaux aux enjeux croisés climat-eau ?

On pourrait multiplier les idées. Mais ce qui compte, c’est l’élan. L’envie de faire converger les efforts. Et d’oser parler d’eau avec la même urgence que l’on accorde à l’atmosphère.

Et maintenant ?

Rien ne changera si l’on continue à traiter l’eau comme un détail. Elle est le cœur battant de tous les écosystèmes, la matrice de la vie, la condition de notre avenir commun.

Alors, la prochaine fois qu’une COP se prépare, osons poser la question : quelles eaux voulons-nous laisser derrière nous ?

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